RDC/Dossier Bukanga Lonzo : Les révélations accablantes de Christo Grobler, administrateur d’africom qui mettent l’IGF dos au mur

RDC/Dossier Bukanga Lonzo : Les révélations accablantes de Christo Grobler, administrateur d’africom qui mettent l’IGF dos au mur

28 novembre 2021 0 Par Grandjournalcd.net

Reçu par les journalistes Christian Bosembe et Floride Zantoto, l’homme d’affaires Sud Africain Christo Grobler, administrateur de la société africom commidities a fait plusieurs révélations sur le dossier relatif au parc agro industriel de Bukanga Lonzo.

Arrivé en 2013 en République Démocratique du Congo avec l’objectif de mettre en place des usines de fabrication des fertilisants dans le pays, Christo Grobler dit avoir fait une proposition au gouvernement pour implanter son usine et créer des emplois. ‹‹Le gouvernement est venu vers nous pour nous demander la hauteur du financement. Nous leur avions communiqué le montant, c’était autour de 40 millions de dollars››, explique-t-il d’emblée.

Pour la réalisation de ce projet, le gouvernement central avait, à en croire monsieur Grobler, solliciter sa participation en détenant quelques parts sociales. ‹‹Après cet accord là, nous avions commencé avec le projet››, poursuit-il. 2014, le gouvernement congolais parlera à africom commidities pour la première fois de manière générale du parc agro industriel de Bukanga Lonzo.

‹‹Ils nous ont demandé si nous pouvions apporter notre assistance pour conceptualiser le projet, mais aussi leur donner des idées pour la faisabilité de ce projet pour la simple raison que nous comme africom nous étions dans le secteur agricole, nous pouvions effectivement donner tout ce dont ils avaient besoin, que ça soit au niveau des matériaux, des pesticides, des insecticides jusqu’au niveau de la plantation même››.

C’est ainsi que le gouvernement congolais avait décidé d’envoyer une délégation en Afrique du Sud, inspecter et vérifier ce que l’entreprise faisait déjà dans ce pays là. ‹‹C’est alors que nous avions entamé les négociations sur le projet Bukanga Lonzo [phase une et phase deux]››. C’est à la suite de ça que le travail avait commencé aux alentours de mai 2014. ‹‹Quand nous nous sommes mis d’accord sur le montant du projet, le gouvernement a proposé le contrat que nous avions signé en 2015››, poursuit-il.

Sur le manque d’expériences et la naissance tardive de la société africom ainsi que le non respect de la procédure de passation des marchés publics, Christo Grobler explique que sa société est un ‹‹groupe des sociétés›› qui est opérationnel depuis les années 1960. Sur le contrat, le patron d’africom explique qu’avec le gouvernement congolais, il s’est agit d’un ‹‹contrat de partenariat(…) Il n’y avait pas de passation de marchés››.

Sur la surfacturation des équipements telle que dénoncée par l’IGF, monsieur Grobler explique que la différence devrait être faite déjà en amont sur le prix des tracteurs en Afrique du Sud et au Congo. ‹‹Ce tracteur là qui coûterait 25 milles dollars c’est en Afrique du Sud, pas dans la ferme de Bukanga Lonzo ici en RD Congo. Deuxièmement, le contrat avec le gouvernement était un projet donc le tracteur que nous avions livré à 45 milles dollars au gouvernement comprenait une transaction avec une bonne garantie, la maintenance,… Toute chose››.

Pour Christo Grobler, la raison d’être de ce projet et de cette facturation est que, dans un investissement agricole en RDC, les ingénieurs pour réparer et suivre de près la maintenance, garantie par la société, de tous ces équipements devraient venir d’ailleurs. ‹‹Se sont des ingénieurs qui venaient d’Allemagne, d’Afrique du Sud ou des États-Unis qui pouvaient réparer ces tracteurs, sur le plan local il n’y avait personne qui pouvait le réparer(…) Sinon comment est-ce que nous devrions assurer la pérennité du projet ?››, s’interroge t-il, avant d’affirmer que c’était ça la raison d’être de ce contrat. ‹‹Il n’y avait pas de passation de marchés››, a-t-il martelé.

Tout en démentant les allégations de l’inspection Générale des Finances, l’administrateur du groupe africom commidities donne la raison du débâcle en disant avoir investi plus de 30 millions de dollars dans ce projet. ‹‹Nous avons payé tout le monde pour que ce projet soit opérationnel, y compris les employés du gouvernement››, sachant que africom ne détenait que 30% des parts du projet Bukanga Lonzo, 70% étaient prises par l’État Congolais. Pour cette raison, africom n’avait aucune raison d’abandonner le projet après avoir investi des telles sommes d’argent.

Entre février et mars 2016, africom avait officiellement rappelé le gouvernement, actionnaire majoritaire, qu’il ne payait plus ses parts. ‹‹Nous étions des actionnaires minoritaires, nous payions nos factures, le gouvernement ne payait pas››, explique t’il. À en croire Christo Grobler, le dernier paiement effectué par le gouvernement congolais avait eu lieu en février 2016. ‹‹Entre septembre et octobre 2016, africom avait écrit au Président de l’époque, sollicitant son implication pour que la situation soit décanter, malheureusement, nous n’avons jamais reçu gain de cause››, poursuit-il.

Sur l’implication de l’ancien premier ministre Matata Ponyo, c’est en rigolant que Christo Grobler apprend que lui et l’actuel Sénateur se seraient distribués l’argent dans un restaurant en Afrique du Sud. ‹‹Vous savez c’est vraiment amusant. Premièrement, personne ne m’a jamais demandé d’aller prendre de l’argent chez le premier ministre Matata ou quoique ce soit. C’est au travers de la presse que j’ai appris tout ça››, révèle t’il.

Pour monsieur Grobler, avec la rigidité du système bancaire Sud Africain, toute transaction financière irrégulière est d’office vouée à l’échec. ‹‹Si nous avions reçu les 280 millions de dollars, je pense que le pays, surtout la ville de Kinshasa ne serait pas comme elle est aujourd’hui. Tout ce qui est produit alimentaire allait diminuer de moitié››. Sur les études préalables qui n’auraient pas été faites sur le sol de Bukanga Lonzo, dans sa peau d’agriculteur, Christo Grobler explique qu’il n’existe pas de sol magique.

Avec son immensité, ce projet gouvernemental avait des bonnes perspectives. ‹‹Bukanga Lonzo n’étais peut-être pas le meilleur sol du pays mais dans l’agriculture il n’y a pas de terre extraordinaire››, renchérit-il, avant de chuter en affirmant qu’avec la technologie aujourd’hui, toute terre peut être fertile. ‹‹C’est ce qui est fait en Afrique du Sud››, conclut-il.

La Rédaction