
VIOLENCES DANS LE KONGO CENTRAL : MATUSILA conteste l’utilisation des armes létales contre les adeptes de BDM et appelle au dialogue
16 avril 2020Dans un message circulaire, le président de l’Assemblée provinciale du Kongo central a fait savoir son opposition à l’utilisation des armes létales contre une minorité indocile.
L’autorité provinciale rappelle “le bilan des affrontements qui ont opposé, ce mercredi 15 avril 2020 à Boma dans le Bas-Fleuve, les éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC) aux adeptes du mouvement politico- religieux BUNDU DIA MAYALA (BDM) a fait état de 6 morts et des blessés graves. Lundi dernier, dans la Lukaya, plus précisément à Kisantu (territoire de Madimba), les violences perpétrées par les adeptes de ce même mouvement ont provoqué 2 morts et des blessés graves. D’autres manifestations signalées à Kimpese, Kinzau-mvuete et Lemba se sont déroulées, heureusement, sans incident.”. recense-t-il sans ignorer l’essens des frustrations de ces millitants du leader mystico-religieux Ne Muanda Nsemi.
“A la base de ces violences inqualifiables et intolérables, il y a lieu de noter des slogans xénophobes, des revendications sur diverses créances de leur leader qui n’auraient pas encore été honorées par l’Etat congolais, la libération de leurs militants qui se trouvent encore en prisons et leurs participations à la gestion des affaires de l’Etat dans les institutions de la République.” a fait savoir Pierre Anatole MATUSILA, président de l’Assemblée provinciale du Kongo Central.
Le premier des élus provinciaux de la terre de Nzinga Nkuvu déconseille le recours à la violence. “Les Ne Kongo cherchent depuis des générations à transcender leurs défaillances psychologiques pour s’insérer dans l’humanisme universel à travers la philosophie cardinale de KINZONZI, c’est-à-dire le palabre, la recherche d’un compromis social durable suivant le modus vivendi de nos bakulu, de nos ancêtres.” rappelle-t-il non sans signifier l’importance de “s’ interroger sur leurs motivations profondes et leurs véritables causes.” Sans ambages, le président de l’Assemblée provinciale condamne l’incivisme dont ont fait preuve les militants de ce mouvement. Il ne se réserve tout de même pas à tonner contre “le recours aux armes létales et disproportionnées pour réprimer les manifestants”.
Selon lui rien ne peut en aucun cas, et sous quel que prétexte que ce soit, être toléré dans une société démocratique supposée protéger ses citoyens.
Pierre Anatole MATUSILA signe et persiste : “La répression des manifestations publiques autorisées ou non ne peut pas, à chaque fois aboutir, au gaspillage des vies humaines ni des munitions. Le professionnalisme de la Police suppose aussi “zéro mort” assene-t-il.
Il appelle donc le “Gouvernement de la République (devrait) à reconsidérer ses méthodes d’intervention.” L’usage de la violence publique n’est pas une démarche constructive. Il contribue à raviver les rancœurs et à ternir gravement l’image du pays en matière de protection des droits de l’homme.” Insiste-il avant d’avertir “Penser anéantir complètement ce mouvement par la force des armes, comme le propose une certaine opinion politique, serait un calcul irrationnel qui n’aboutirait qu’à un carnage sans issue que les Ne Kongo ne sauraient, en aucun cas, tolérer.” prévient-il.
L’autorité provinciale craint que le Kongo Central puisse “se transformer graduellement en une terre de rivalité où la violence privée croise la violence publique dans un gâchis des vies insupportable. Notre vivre-ensemble ne sera plus convenablement assuré avec pour effets immédiats la dilution de la cohésion provinciale et de l’unité nationale.” Il le dit et propose à l’État à “élever son niveau de surveillance afin de contenir les velléités subversives de certains groupes pour préserver l’harmonie et la paix sociale. Le bannissement de la violence est l’urgence absolue. Seul le dialogue peut générer les attitudes indispensables à la construction d’un lendemain meilleur.” Conseille-t-il.
Selon MATUSILA, “Mater une minorité indocile par les armes létales n’est pas résoudre la crise.” persiste-il.
Sans surprise, ce notable principal du Kongo Central propose un dialogue franc et incisif avec ce mouvement Politico-religueux , autrement, “un travail inachevé est toujours source des déboires dans un avenir proche ou lointain, des déboires aux conséquences sociales incalculables et inimaginables.” redoute-il.
Le président de l’Assemblée provinciale invite par la même occasion le Gouvernement Central à “se pencher maintenant à ce qu’il appelle une crise de légitimité à la tête de la province ( faisant allusion à la suite de l’affaire MIMIGATE) et ne plus se cantonner dans le dilatoire ; attitude qui traduirait aisément “la non-assistance à une Province qui se meurt”.
“Oui, à l’allure où vont les choses, notre belle province, le Kongo Central, se meurt à petit feu à cause de l’inaction et de l’indécision de “Kinshasa” interpelle-t-il en concluant son propos.
Moïse Dix