
Congo-Brazzaville : « Il n’y a pas meilleure façon de célébrer ce mois de mars que de célébrer la femme artisane au cœur de son action » Dixit Serge Gaston Mondélé Mbouma (Interview)
14 mars 2020Il se tient à l’Agence nationale de l’artisanat (Ana), la foire féminine sous le thème « Artisanat : gisement d’emploi et vecteurs d’autonomisation ». Un espace ouvert aux femmes en ce mois de mars consacré à la femme et à ses droits.
Serge Gaston Mondélé Mbouma, le directeur général de l’Ana, Dans l’entretien qu’il nous a accordé, évoque le rôle de la femme artisane, en particulier, dans le développement d’un pays.
Grandjournalcd.net : Vous avez accueilli dans l’enceinte de l’Agence nationale de l’artisanat la foire féminine sous le thème « Artisanat : gisement d’emploi et vecteurs d’autonomisation ». Peut-on savoir ce qui a motivé l’organisation de cette foire ?
Serge G. Mondélé Mbouma : Le salon de l’artisanat féminin a été motivé par deux raisons fondamentales. La première, l’Ana a pour mission de faire la promotion de l’artisanat. La deuxième raison, le mois de mars a été décrété mois de la femme ; un mois de la mise en valeur de la femme. C’est donc le mois où on doit célébrer la femme. Pour nous qui sommes dans l’artisanat, nous devons célébrer la femme artisane et son œuvre. C’est ce qui fait qu’il était important de créer cette vitrine de présentation de leur savoir faire et de ce qu’elles représentent dans notre société. On a choisi les meilleures dans différents corps de métiers. Pendant dix jours elles exposent sous le thème « Artisanat : gisement d’emploi et vecteurs d’autonomisation ». Parce qu’il est aussi claire qu’on ne peut pas parler d’emploi sans parler métiers. Nous sommes un pays pétrolier et on a tendance de nous parler du pétrole avec beaucoup de joie sous prétexte qu’il apporte plus de richesse. Mais, l’artisanat de son côté est bel et bien un gisement d’emploi parce que la nomenclature des métiers artisanaux nous montre qu’il y a près de 243 métiers qui constituent plusieurs milliers d’emplois car qui dit métier dit apprentissage, qui dit apprentissage dit employabilité, qui dit employabilité dit compétences de se mettre là-dedans d’où l’autonomisation. En termes claires, pas de métier, pas d’autonomisation.
Gjcd.net : Et toutes ces femmes que vous avez reçues exposent sur quoi ?
S. G. M. M : La particularité c’est que ces femmes sont multi métier, elles sont donc dans plusieurs corps de métier. Elles exposent sur la couture, les perles, les bijoux… Il y a une dizaine de corps de métiers qui sont représentés ici à travers des services et des biens. Vous voyez que cette foire rend aussi attractif le milieu. Et s’il y a des étrangers ici, ils trouveront des petits cadeaux souvenir en termes de perles, de bijoux, de sacs… qu’ils ramèneront dans leurs pays. Comme l’exposition cadre avec la promotion des produits locaux fabriqués par les femmes, il n’y a pas meilleure façon de célébrer ce mois de mars que de célébrer la femme artisane au cœur de son action.
Gjcd.net : Est-ce qu’on peut dire que l’artisanat est un facteur de développement dans un pays ?
S. G. M. M : Oui, effectivement. Seulement, il y a des activités où on ne fait pas vraiment attention. Nous sommes un pays où la rente pétrolière a orienté les gens leur faisant ainsi oublier les autres secteurs. L’artisanat est au cœur du développement parce qu’on ne peut pas parler formation qualifiante sans former les gens au métier par exemple de plomberie, d’électricité, de menuiserie… Il y a dans l’artisanat de service, dans l’artisanat d’art des métiers qui interviennent dans le développement. Parce que ces femmes contribuent au fisc, donc au développement de leur pays. Vous savez autant que moi, après le pétrole on parle toujours de fiscalité. Et ces femmes payent des petites taxes municipales et bien d’autres.
Gjcd.net : Lors de l’ouverture de cette foire féminine vous avez reçu la visite de la ministre des petites et moyennes entreprises en charge de l’artisanat. Quel a été son message à ces femmes artisanes ?
S. G. M. M : D’abord je tiens à saluer madame la ministre Adelaïde Mougany qui a toujours insisté qu’en période de crise nous devons revaloriser les artisans locaux, mettre en lumière ce dont ils sont capables de faire. A partir de là, elle nous a instruits de faire quelque chose pour la femme artisane pendant cette période du mois de mars. Elle était donc venue pour les encourager, les motiver (…) Hier, elles ont profité de l’aura administratif pour mieux vendre. Certaines d’entre elles ont vendu deux à trois canaris, ce n’est pas rien (…) Imaginez dans dix jours ce qu’elles pourront gagner au bout de ces dix jours d’exposition. Elle leur a également dit que la promotion ne s’arrête pas seulement là, elle est pérenne et se poursuit.
Propos recueillis par Achille Tchikabaka